Covid longue et intérêt du géraniol

Covid longue et intérêt du géraniol

  École Internationale d'Aromathérapie - Pierre Franchomme

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  Dossiers santé

Dans le contexte de l’intense recherche sur le syndrome de la Covid longue, une très récente étude scientifique publiée récemment permet de mieux préciser quels sont les mécanismes inflammatoires à l'œuvre. Au regard de ces derniers résultats, la connaissance qu'on a par ailleurs du mode d’action anti-inflammatoire particulier du géraniol permet d’ajouter cette molécule à l’arsenal aromatique dont on dispose déjà en aromathérapie.

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Des mécanismes de la maladie mieux connus

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virus

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Si les heures sombres de la pandémie de Covid-19 sont derrière nous, les séquelles de l'infection subies par de nombreuses personnes durant des semaines, voire de long mois, ne sont pas négligeables : essoufflement chronique, troubles musculaires, digestifs ou encore neurologiques ou psychiatriques, avec comme dominante un état de fatigue persistant.

Ce syndrome de la Covid longue concernerait plusieurs centaines de milliers voire même jusqu’à 2 millions de personnes infectées en France par le SARCov-2, quel que soit le variant du virus.

Les symptômes n’étant pas spécifiques, des chercheurs se sont donc orientés vers des marqueurs biologiques sanguins. Les résultats obtenus, publiés récemment dans la revue Science(1), ont confirmé la non maîtrise par l’organisme de la réaction inflammatoire consécutive à l’infection, et en particulier un emballement du système du complément(2) (augmentation de C5b-C6, diminution de C7), couplé à des signes de thrombose vasculaire ; d’autres paramètres biologiques ou même microbiologiques (persistance à bas bruit du virus dans une niche tissulaire) n’étant d’ailleurs pas exclus.

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La pertinence du géraniol 

géraniol

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Une étude, publiée en 2012, a mis en évidence un des modes de l'activité anti-inflammatoire du géraniol, au niveau du système de "défense immunitaire du complément" impliqué dans la Covid longue (voir ci-dessous le paragraphe PETITE PARENTHÈSE SCIENTIFIQUE).

Molécule aux multiples facettes pharmacologiques, le géraniol est donc particulièrement indiqué dans le syndrome post-Covid lié à la persistance du virus et/ou à des réactivations virales diverses, ainsi qu’à des surinfections bactériennes, le tout dans un environnement inflammatoire délétère. 

Les meilleures sources botaniques de géraniol sont les huiles essentielles suivantes : 

- la Monarde fistuleuse (Monarda fistulosa) : 90 % de géraniol,

- la Maniguette citronnée (Aframomum citratum) : 80 %, 

- le Palmarosa (Cymbopogon martinii var. motia) : 70-80 %.

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Monarde fistuleuse

Monarde fistuleuse

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Maniguette à longue queue (citronnée)

Maniguette citronnée

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.palmarosa

Palmarosa

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>>> Petite parenthèse scientifique <<<

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Le système du complément est un groupe d'environ 50 protéines connues du sérum, faisant partie de l'immunité innée. Douze de ces protéines sont directement impliquées dans les mécanismes d'élimination des pathogènes, les autres régulent finement l'activité des premières afin d'éviter une réaction auto-immune.

Le géraniol agit par inhibition de la voie classique du système du complément (diminution de C4b2a) et par là même une diminution de la phase finale de la cascade d’activation aboutissant à la lyse des cellules cibles.

Les autres cibles du géraniol sont bien identifiées : blocage de la « porte d’entrée » ACE-2 du virus(3), inactivation partielle des polynucléaires neutrophiles (PN) suractivés(4), neutralisation de bactéries pathogènes (Prevotella …), tonification (cœur et cerveau)(5).

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D’autres huiles essentielles incontournables dans la gestion de la convid longue

Les huiles essentielles riches en géraniol viennent s'ajouter à la panoplie dont on dispose déjà et qui sont bien documentées par la recherche et la pratique pour s’avérer pertinente pour aider à mieux gérer les symptômes d’une covid longue. Il s’agit des huiles essentielles suivantes :

Lentisque pistachier (Pistacia lentiscus), anti-inflammatoire, anti IL-6,

- Ravintsare (Cinnamomum camphora cineolifera), antivirale,

Muscade d’Afrique (Monodora myristica), immunostimulante,

Copahu (Copaifera officinalis), immunostimulante,

- Gingembre blanc frais (Zingiber officinale var.album, anticoagulante.  

Comment les employer

Les huiles essentielles sont à choisir une fois le diagnostic établi et en relation avec un thérapeute.

La voie cutanée est la plus recommandée, au niveau de la face interne des avant-bras, où les veines sont très superficielles, ce qui permet aux huiles essentielles de bien pénétrer et d’atteindre la circulation sanguine pour être distribuées dans tout l’organisme. 

2-3 gouttes x 2 à 3 par jour de chaque huile essentielle sélectionnée avec le thérapeute, sans dépasser 20 gouttes au total par jour. 

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AVERTISSEMENT 

Les informations présentées dans cet article ne constituent pas une recommandation thérapeutique et ne remplacent pas la consultation d’un professionnel de santé. Les huiles essentielles ne conviennent pas aux enfants de moins de 6 ans, ni aux femmes enceintes ou allaitantes. Dans ces cas, demander l’avis d’un professionnel de santé.
Par ailleurs, l’usage des huiles essentielles nécessite de vérifier au préalable leurs précautions d’emploi et contre-indications éventuelles. En cas de doute, consulter un professionnel de santé.

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Références

1- Persistent complement dysregulation with signs of thromboinflammation in active Long Covid

2 – Pérez-Rosés R et al. – J Agric Food Chem ; 2015, 63 : 1496-1504

3 – Senthil Kumar et al. – Plantes ; 2020, 9 : 770-780

4 – Franchomme P – L’aromathérapie, thérapeutique de pointe en médecine naturelle, Inspir Dev. ; 1999, vol I-1 : 169-175

5 –  Franchomme P et al. – L’aromathérapie exactement, ré-éd R Jollois ; 2001 : 375 

Franchomme P - Revue Hippocrate, 2021, 2 (6): 28-33

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